Au printemps 2022, quatre épisodes de fortes mortalités de carpes communes (Cyprinus carpio) ont été recensés dans des plans d’eau distincts dans le département du Tarn. Pour trois des épisodes, le virus de l’œdème de la carpe (CEV) a été détecté, suggérant que les mortalités ont été provoquées par la maladie du sommeil de la carpe (MSC), qui poursuit sa progression sur le territoire. L’un des sites n’a pas été échantillonné mais la maladie du sommeil semble y être responsable des mortalités. Certains épisodes sont corrélés à des empoissonnements par des carpes ‘miroirs’ quelques mois auparavant. Le séquençage d’un gène viral démontre une identité nucléique de presque 100 % entre les trois virus échantillonnés ce qui suggère l’hypothèse suivante : le virus aurait été disséminé aux carpes communes de chaque plan d’eau dès fin 2021 provoquant le déclenchement de la maladie plus tard, en 2022. En ce qui concerne le lac de la Raviège, dernier des plans d’eau affectés par des mortalités, également le plus vaste et le plus touché, l’introduction du virus n’est pas liée à un repeuplement organisé. Pour ce site, un lien épidémiologique avec les trois sites est probable mais reste à expliquer.
Numéro 98 Articles périodiques publiés en 2023
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Articles
Bilan de la surveillance du botulisme humain et animal en France au cours de la dernière décennie (2008-2019)
Le botulisme est une maladie neurologique humaine et animale provoquée par l’action de neurotoxines bactériennes (toxines botuliques) produites par des bactéries du genre Clostridium et qui se manifeste par des paralysies flasques pouvant aller jusqu’à la paralysie respiratoire et l’arrêt cardiaque. Chez l’être humain, cette maladie est rare, avec moins d’une dizaine de foyers recensés en moyenne chaque année en France. Ces foyers sont d’origine alimentaire pour une très grande majorité d’entre eux (90 %). Chaque année, une trentaine de foyers sont recensés en moyenne en France dans les élevages de volailles, environ une vingtaine de cas chez les oiseaux sauvages et une dizaine de foyers dans l’espèce bovine pouvant impliquer à chaque fois un grand nombre d’animaux. Cet article présente le bilan de la surveillance du botulisme humain (2008-2018) et animal (2009-2019) au cours de la dernière décennie à partir des données collectées auprès de Santé Publique France, des investigations biologiques du Centre National de Référence (CNR) et de celles du Laboratoire National de Référence (LNR).
Surveiller les tumeurs des chevreuils et des lièvres : un outil pour détecter des zones à forte pression chimique ?
Le développement de tumeurs chez des espèces animales sauvages sensibles peut résulter de pressions de type chimique exercées sur l’environnement. Celles-ci peuvent servir d’alerte pour la santé humaine au travers d’espèces sensibles sélectionnées comme sentinelles. Le but de cette étude était d’identifier d’éventuels clusters spatio-temporels de tumeurs d’origine non-infectieuse chez le chevreuil européen (Capreolus capreolus) et le lièvre d’Europe (Lepus europaeus), à partir des données collectées par SAGIR, réseau de surveillance événementielle consacré à la faune sauvage en France. Les cas positifs ont été définis comme tout cas suspect ou confirmé de tumeur d’origine non-infectieuse et les cas négatifs incluaient tous les autres cas. Sur la période d’étude, aucun cluster temporel de cas positifs n’a pu être démontré. En revanche, l’établissement d’une carte de risque a permis l’identification d’agrégats spatiaux : les Alpes chez le chevreuil européen et le Massif Central, le Nord-Pas-de-Calais et le Sud-Est de la France chez le lièvre d’Europe. Des investigations ultérieures seraient à conduire pour valider l’existence de ces clusters, les caractériser et déterminer, si possible, leurs origines. L’utilisation des données d’un réseau de surveillance événementielle dont la sensibilité est difficilement quantifiable et hétérogène sur le plan spatio-temporel, pose également question sur l’interprétation des données et la détectabilité des tumeurs.